dimanche 29 mai 2011

The end

Pour mon vrai dernier texte, je vous raconte le retour et réponds aux questions les plus souvent posées.

Pour commencer, le retour... Quoi dire? Par où commencer? Atterrir à Toronto, commander un café Tims et avoir de l'argent canadien dans mes poches a été le début du dépaysement. J'étais partagé entre l'idée de savourer ce café ou de pleurer parce que j'étais rentrée au Canada. N'allez pas croire que je n'étais pas contente de vous revoir tous, ça m'a fait un bien énorme. Mais je dirais que ce n'est pas long qu'on penser à repartir. Il y avait beaucoup de monde pour m'accueillir à l'aéroport, j'étais très contente de cet accueil et du petit dîner qui a suivi. Mais quand tout le monde est parti, je me suis aussitôt demandé ce que je faisais là. Il a fallu que je me parle, je me disais tout le temps "un jour à la fois" ma vieille!! Ma vie était un peu à refaire, à reconquérir. J'étais effrayée à l'idée d'aller à l'épicerie, entre autres, parce que je ne voulais pas que ça s'arrête, c'était un signe pour moi que l'aventure était terminée et que la routine allait reprendre. J'ai bien sûr fini par y aller, et j'ai aussi recommencé à travailler. Là, je me sentais perdue carrément, j'avais des problèmes de concentration. Mes collègues me parlaient et j'étais ailleurs me demandant ce qui se passait, où j'étais, qu'est-ce que je faisais là. Je me suis demandé si ma vie était vraiment ici et l'idée de tout vendre et repartir m'a traversé l'esprit. Depuis, je tente un peu de m'étourdir pour ne pas trop penser à repartir parce que c'est comme une idée fixe qui vous guette, chaque jour, et vous saute dessus à la moindre occasion, surtout à la moindre petite déprime. Ça fait 2 mois maintenant que je suis de retour. Je ne peux pas dire que ma vie a repris son cours normal. Va-t-elle vraiment reprendre un cours normal? C'est difficile parce que je ne veux pas oublier tout ce que j'ai vécu mais en même temps, il faut l'oublier pour pouvoir passer à autre chose. C'est contradictoire et déchirant. J'essaie de suivre le conseil d'une amie voyageuse: il faut penser à la chance que j'ai eu de pouvoir faire ce voyage et non à la tristesse que j'ai que ce soit terminé...


Maintenant, passons à un sujet un peu plus réjouissant, vos questions!

Quel endroit j'ai le plus aimé?

Comme vous vous en doutez, c'est très difficile de choisir. J'ai quand même fait un petit top 5, même si je déteste ça. Je trouve que c'est un choix trop personnel et que tout peut changer selon la température, ton humeur, les gens que tu rencontres, etc.

En premier, je dirais le Cambodge pour les gens, accueillants, curieux et chaleureux malgré que ce sont de grands malchanceux (guerre et génocide). Le calme de ce pays, la balade en éléphant (mémorable!) et aussi les merveilles d'Angkor Wat, un must.

En deuxième, viens Bali, une île enchanteresse et qui m'a beaucoup surpris. Je m'attendais à un endroit hyper touristique, mais comme j'étais en basse saison, j'ai pu apprécier l'endroit (sans Australiens sur la brosse et de Chinois clic-kodak). La deuxième journée dans le petit patelin de Padangbai, les gens me saluaient et m'appelaient par mon prénom, plutôt sympa comme ambiance. Il y a tout là-bas pour plaire, la température, les plages, l'eau turquoise, les montagnes, les arbres tellement verts que ça semble surréaliste.

En troisième, viens le Vietnam parce qu'il y a énormément de choses à voir. Que dire de mon arrivée là-bas! et de mes premières expériences tels que mon bain de minuit dans la baie d'Along et le trek en montagne qui m'en a fait arracher un coup. La cacophonie des villes là-bas avec leurs innombrables scooters, c'est unique en son genre. C'est le premier pays que j'ai fait et je vais m'en souvenir longtemps, c'était tout un dépaysement.

Quatrièmement, je dirais les volcans de Java en Indonésie, c'était quelque chose d'unique aussi. Voir les porteurs de souffre qui travaillent tellement fort pour 7$ par jour, ça tire une corde sensible. Aussi, sentir la vibration et entendre le bruit d'un volcan en activité, c'est insensé, ça n'a pas de prix!

En cinquième, je mets un ramassis de choses dépaysantes qui font que j'ai adoré ce voyage! Des musulmans, des femmes voilées. Des moines, des temples bouddhistes. Des araignées quasi grosses comme ma main. Des habitants qui vivent à même le sol, qui ont un feu et une seule casserole pour cuisiner. Être assise dans un endroit et ne rien comprendre à ce que les gens racontent autour. Essayer de commander quelque chose dans un restaurant et se ramasser avec un riz aux anchois pour déjeuner. Prendre l'autobus et être la seule blanche. Prendre le train et se réveiller avec un coq qui hurle dans une boîte en bois à côté de sa couchette. Rencontrer des personnes de partout à travers le monde. Nager avec des raies mantas... Bon je vais m'arrêter là, sinon vous en auriez pour 12h à me lire.

As-tu eu peur de voyager toute seule?

Pour être honnête, oui, y'a des fois où j'ai eu peur, mais je crois sincèrement que c'est juste des idées de parano occidentale. Être seule, c'est insécurisant et il faut être constamment sur ses gardes, surtout quand on est une fille et qu'on est un peu parano! Il faut penser à tout parce qu'on a personne d'autres sur qui compter. Il faut faire un peu confiance, il ne faut pas voir le mal partout, même si c'est dur. Je crois que notre vision occidentale des voyages (ou peut-être tout simplement de l'inconnu) nous terrorise. Tout nous semble dangereux, on a peur de tout, mais y'a pas juste des fous qui courent le monde, y'a du bon monde aussi. En tout cas, des fous y'en n'a pas plus là-bas qu'ici, ça j'en suis certaine.

Anecdote: une fois, j'ai rencontré une Malaisienne sympa. Je voulais me rendre à mon hôtel et je cherchais où était la station d'autobus locale. Elle m'a pris par la main, on a marché et marché, et tout le long, j'avais un peu peur, je n'avais aucune idée d'où elle m'emmenait et je me demandais ce qu'elle me voulait ou ce qu'elle allait me demander en échange. Sur la rue, elle a fait arrêter un autobus, chose que je n'aurais jamais fait parce que je n'avais aucune idée que c'était celui-là qu'il fallait prendre. On a fait tout le trajet sans se parler, elle a même payé pour mon billet d'autobus, et tout le long encore une fois j'étais sur mes gardes. Pourquoi m'aider et payer mon billet d'autobus si elle veut rien en échange? Et bien non, elle voulait rien, on est arrivée à la station de bus principale, là je savais quoi faire parce que j'y étais déjà venue et je me suis sentie extrêment soulagée d'être en terrain connu. La fille est partie et m'a souhaité bon voyage. C'est tout, non mais, ça existe du monde qui sont gentils et qui veulent juste nous aider! Ça n'arrive pas tellement souvent par ici, c'est peut-être pour ça qu'on a si peur. Et bien je me suis trouvée ben niaiseuse d'avoir été stressée comme ça pour rien, mais on n'y peut rien.

As-tu eu de la difficulté à communiquer?

La plupart du temps, on se débrouille en anglais. La plupart des locaux dans les hôtels et les endroits les plus touristiques parlent anglais, alors on peut avoir l'information qu'on a besoin. Par contre, quand on sort un peu des sentiers touristiques, tout est question de hasards... et de chance. Les chauffeurs de taxi ou les vendeurs de cossins essaient de baragouiner l'anglais parce que c'est comme ça qu'ils font de l'argent.

Ça donne lieu à des événements cocasses (et frustrant!), mais ça fait partie du voyage et à mesure qu'on avance on apprend à déceler les magouilles. Par exemple, des fois, le chauffeur de taxi te fait accroire qu'il parle anglais! Tu lui dis où tu veux aller et il dit yes yes i know! Après quelques kilomètres, tu te rends compte qu'il a rien compris, alors tu lui dis et il s'arrête au beau milieu de nulle part, en tout cas pas là où tu voulais aller et puis il s'arrange avec ses gros yeux méchants pour que tu le payes quand même!! C'est ça la bosse des affaires! Ou bien encore, il te fait faire le tour du quartier 4-5 fois en te faisant accroire que ton hôtel est super loin, mais tu n'y vois que du feu parce que, pour toi, toutes les rues se ressemblent et il peut repasser dans la même rue plusieurs fois avant que tu te doutes de quelque chose. Et bien c'est au moment même où tu te rends compte que ton hôtel était juste à 2 minutes à pied de l'endroit où tu étais au départ (alors que tu viens de faire 20 minutes de taxi), que tu te rends compte que le chauffeur a tout à coup perdu son anglais. Alors, il hausse le ton et te crie après dans son charabia local parce que tu veux pas le payer (parce que tu considères que le rapport qualité prix c'était pas fort fort). Bien sûr, tu finis par le payer parce que dans ta tête, chauffeur qui crie égale problème, problème égale police, police égale prison et pis tu veux surtout pas te ramasser en prison dans un pays étranger.

Combien ça t'a coûté?
Allez voir ma page sur les coûts (onglet à droite).

Le retour en chiffres
175 jours d'aventures
6 pays visités + Singapour
515 repas contenant du riz ou des nouilles
0 immodium ingéré
2 couchers chez l'habitant
28 plongées (Thaïlande, Bali et Malaisie)
18h de train
14 décollages - 14 atterissages
8h à dos d'éléphant